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16 mars 2009 1 16 /03 /mars /2009 18:00
L'un des problèmes les plus récurrents et omniprésent de notre temps est bien celui de la violence et de la peur que celle-ci engendre.
Je suis personnellement entrer dans les arts martiaux dans le but "d'arreter", mieux de transcender cette violence.Paradoxal, n'est ce pas? En tout cas un camarade "chrétien extrémiste" avait cru bon à l'époque de me faire remarquer que mon but et le moyen utilisé etait imcompatibles.J'ai beau eu lire toute la Bible, je ne voit aucun passage qui interdirait la pratique martiale ou serait contre ses buts; pourtant je vous assure que je suis pourvu d'une solide formation en théologie que j'ai glané pendant mes heures libres.
Il faut bien comprendre la psychologie de la violence pour prétendre l'éradiquer.

La violence apparaît dès que l’individu est inquiété par des présences qu’il perçoit comme hostiles. L’expression physique de la violence n’est qu’un des aspects du problème, c'est évident. Elle a également une dimension énergétique (liée à un organe selon la conception chinoise), mais aussi génétique, sociale ou culturelle. La vie actuelle, surtout celle des citadins, contribue à générer angoisse, crainte, peur. Cela induit un comportement agressif, sous diverses modalités : comportementale, verbale, physique, et meme psychique quand le sur-moi de l'individu est trop oppressant. 

Aujourd’hui malheureusement rien dans les médias ou dansl la presse,  n’est entrepris pour apaiser les êtres, et la perte globale du sentiment religieux ne fait que renforcer le problème.

Ce qui fait donc l’agression, c’est le transfert sur autrui de la peur, de l’informulé, du non-réalisé. Certaines pratiques orientées permettent de juguler la violence, qui demeure néanmoins sous-jacente. Pour être efficaces, elles doivent tenir compte de notre nature paradoxale qui est à la fois profondément déviée mais fondamentalement bonne. Selon les pères du Taoïsmeet ceux de l'église (la patristique), nous pouvons nous retrouver en empruntant la Voie naturelle, par une ascèse; et je pense que les arts martiaux bien compris sont une ascèse.

La pratique de l’art martial devrait être une tempérance progressive de la violence. L'abandon de la technique destructrice vers la maîtrise de soi, permet d'emprunter la "voie du Guerrier". Le Budo se révèle être une voie ascendante sur le plan métaphysique. Un maitre de judo Me EBODE me disait au cameroun:"On ne peut pas pratiquer un art martial sans etre un mystique et un spirituel"; et je pense que je commence à comprendre ses propos.

Il disait aussi "les arts martiaux nous poussent vers notre coté oppsé; si nous sommes violents, ils nous poussent vers la tempérence; si nous sommes trop calmes, ils nous poussent vers l'activité", je pense que le mystère du ying et du yang se trouve dans ces paroles.

En effet, dans les arts martiaux, on vise à tuer le corps pour élever l'esprit, mieux on vise à spiritualiser le corps. Une authentique destinée étant la réalisation de qualités et capacités latentes, elle se trouve obligatoirement placée sous le signe de la violence, dans le sens qu'aucune œuvre n'a jamais été accomplie sans le concours d'une action fougueuse sur soi et sur les autres, que ce soit sur le plan artistique, politique, social ou religieux. C'est une sainte violence qui anime les âmes passionnées. "Le Royaume des Cieux souffre appartient aux violents" (Mat. XI.12), entendez par là ceux qui luttent jours et nuits contre leurs mauvais penchants et contre toutes sortes d'injustices.




De cette compréhension découle la notion de "aï" mise en exergue par Ueshiba, le fondateur  de ce génial art martial qu'est l'aikido. Il est intéressant de relever l'évolution des différents idéogrammes "aï" utilisés par le Maître pour nommer son art au fil de sa vie. Il est passé de celui "d'association", du temps de l'Aiki-Jitsu, à celui de "d'harmonie", dans le sens de l'unité de l'homme et de l'Univers, pour aboutir à celui qui recouvre de multiples sens : Soif, Attraction, Désir, Ferveur.

Simultanément, dans la terminologie de la pratique, le terme " couper " est devenu " dévier l’attaque dans l’instantanéité de l’action ". Tous les restes d’une défense " contre " étaient éliminés, l’enseignement reposant essentiellement sur la notion de paix terrestre et d’un ordre harmonieux, d’où l’attribution d’une fonction pacifiante, cosmique à l’Aïkido.

A ce propos, citons Morihei Ueshiba : " si vous ne comprenez pas cet enseignement et n’employez l’Aïkido que pour combattre, vous n’obtiendrez jamais son secret."

Cette voie corporelle qu'est l'Aïkido est une rencontre, à travers le temps et l’espace, avec son génie. Aujourd’hui, trente ans après sa disparition, alors qu'il n'est pratiquement plus fait référence à lui, même à l'Aïkikai, il nous faut, pour renaître, établir un dialogue avec lui, sans idolâtrie. Sur le plan symbolique, l’art de Ueshiba a évolué au cours des années, passant du carré terrestre (force musculaire, dualité), au cercle (attestant la primauté du ciel), l'homme composant le triangle intermédiaire. C'est le sens de la formule que nous avons reprise pour caractériser notre enseignement et tenter de perpétrer son message.


 L'exigence principale des arts martiaux bien compris consiste à considérer autrui non comme un adversaire mais comme un partenaire. La force musculaire est progressivement abandonnée au profit du non-agir : autrui est l’unique dispensateur de la force. Quant il n’y a pas de vent, il n'y a pas de vagues. Par ses actions et réactions, le dispensateur d’énergie se place de lui-même dans des attitudes de déséquilibre ou de sollicitation articulaire et mentale qui lui sont défavorables. L’éducation corporelle et psychique tendant vers le non-agir amène l'étudiant à centre cosmique c'est à dire à devenir un centre, un axe pacifié autour duquel vont et viennent incessamment les "éléments", c'est-à-dire les pensées et actions des partenaires. C'est déjà le début du travail télépathique.


En spiritualisant les arts martiaux, on comprend qu'il n’est donc jamais question de trancher ou piquer, mais de déséquilibrer mentalement l’autre, après avoir pénétré le centre (irimi), afin de le désarmer mentalement ou physiquement. Le bâton et le sabre sont le prolongement du bras, au même titre que l’éventail ou le fusain, comme disait Ueshiba.

L'efficacité martiale  consiste à éviter le combat ! Les anciens arts martiaux sont liés à un système féodal fondé sur l’esprit de destruction, une autre voie existe pourtant et seul Maître Ueshiba l’a vraiment réalisée. L’efficacité n’est absolument pas en opposition avec la notion d’harmonie. L’efficacité, c’est créer le vide, le non-agir, la non-action, et c’est aussi un état de paix rayonnante, une émanation par les souffles mentaux. C’est en ce sens le véritable pouvoir du ki, qui est tout différent des démonstrations de pseudo pouvoir. La véritable efficacité réside dans la justice, dont les symboles sont l'Epée et la balance.  C’est la découverte que la peur de l’autre, c’est la peur de soi-même. Lorsque l’individu a découvert sa propre nature, il n’a plus peur.
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